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Pois chiche : Gestion d’Héliothis, un ravageur de plus en plus présent

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À la faveur d’étés chauds et secs qui se répètent, l’héliothis entraine de plus en plus régulièrement des dégâts dans les parcelles de pois chiche. Les campagnes 2023 et 2022 en sont de bons exemples. Sur ces campagnes, en fonction des secteurs, la pression a été telle que la gestion en parcelle a pu être très difficile. Le Sud-Ouest et le Sud-Est sont les principaux bassins touchés à ce jour.

L’héliothis, c’est quoi ?

L’héliothis ou noctuelle de la tomate, appartient à la famille des lépidoptères et touche de nombreuses espèces cultivées : légumes plein champ (melon, tomate, haricots, etc.), maïs, sorgho, soja ; etc. Il peut être très préjudiciable à la culture via son impact direct sur le potentiel de rendement mais aussi sur la qualité des graines. On considère que les dégâts peuvent atteindre 30 à 40% de perte de rendement et peuvent même aller jusqu’à 90% dans les situations les plus propices au ravageur.

 

Gestion du risque héliothis

La lutte repose sur le suivi des papillons et la détection des pics de vol, qui annonce de prochaines pontes. En effet, ce sont les larves qui s’alimentent des graines en formation. Le suivi du ravageur passe par le piégeage des papillons mâles via des pièges à phéromone de type Funnel. Le piégeage n’est qu’un indicateur du vol : il permet de détecter le début de vol, la cinétique et les pics. Ce n’est pas un outil de lutte contre le ravageur. Les informations de piégeage sont transmises via le BSV en Occitanie.

Rappelons que l’entrée dans la phase de risque héliothis est atteint lorsque les plantes atteignent le stade « premières gousses ». Le cœur de la phase de risque s’étend entre les stades « premières graines » et « remplissage des graines », la sortie de la phase de risque est atteinte lorsque l’on est au stade « première gousse mûre ».

Dans la période de risque et lorsqu’un pic de vol est observé il est conseillé de déclencher une protection (voir solutions autorisées ci-après). Attention, le ravageur étant polyphage, il se peut que, malgré le pic de vol et la culture dans la phase de risque (ex : stade premières graines), les pontes soient réalisées sur une autre culture plus attractive au moment du vol.

On note deux à trois générations par an (mais il peut en avoir jusqu’à quatre). Généralement, il y a deux générations durant le cycle du pois chiche. Les jeunes larves, dites L1, L2 consomment surtout du feuillage, elles restent sur le haut du couvert et sont plus faciles à détecter. A ce stade, elles ne causent que peu de dégâts. Les larves L3, L4 consomment particulièrement les graines en cours de remplissage, elles sont donc dommageables à la culture. Elles restent cachées dans les gousses, à l’intérieur du couvert et on note leur passage par les trous laissés sur celles-ci après leur passage.

 

 

Une dynamique multi-partenariale Sud-Ouest pour répondre aux enjeux de l’héliothis

Depuis début 2024, un groupe technique spécifique à l’héliothis a été créé à l’initiative du projet FILEG (Filière Légumineuses à graines d’Occitanie – www.fileg.org) et ouvert sur tout le Sud-Ouest. Ce sont près de quinze partenaires qui se sont réunis pour travailler ensemble autour de cette thématique cruciale pour l’avenir de la filière. Deux axes ont été privilégiés : connaissance du ravageur et lutte. Le réseau de piégeages a été renforcé (meilleur maillage du territoire) et couplé à des suivis de larve et nuisibilité en fin de cycle. Dès 2025, des outils innovants pour le piégeage seront également testés. Côté lutte, des essais sont mis en place pour affiner la stratégie (programme et positionnement). Enfin des essais de luttes alternatives seront également mis en place.

 

Stratégie de lutte contre héliothis

 

 

Voir conditions d’emploi sur ephy.anses.fr et Terres Inovia.fr

La stratégie de lutte contre l’héliothis vise à atteindre les jeunes larves (L1, L2). L’efficacité des solutions disponibles sur les larves les plus développées (L3, L4) est moindre, il faut donc positionner la protection le plus tôt possible après les pontes.

En l’absence de suivi des résistances des héliothis aux pyréthrinoïdes et sachant que ces résistances existent en France, on privilégiera les solutions Dipel DF ou Hélicovex lors des premiers passages. En effet, ces solutions assurent un bon niveau d’efficacité et évitent la pression de sélection en sélectionnant les individus déjà résistants. A noter que tous les produits disponibles sont sensibles au lessivage par les pluies. Le niveau de rémanence d’action est donc d’environs 10 jours.

 

Dérogation 120 j ALTACOR

Afin de répondre aux enjeux de la lutte contre le principal ravageur de la culture, une demande de dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) déposée auprès du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire par TERRES INOVIA en accord avec FMC a reçu un avis favorable. La spécialité commerciale ALTACOR (AMM 2100122, FMC) bénéficie d’un usage dérogatoire pour la campagne 2024, du 15 avril au 13 août 2024pour le pois chiche au sein de l’usage Légumineuses potagères (sèches)*Trt Part.Aer.*Chenilles phytophages (uniquement pois chiche). ALTACOR est composé de chlorantraniliprole (350g/kg) et est autorisé à la dose maximale d’emploi de 0,07 kg/ha des stades BBCH40 à BBCH89 en 1 application maximum (délai de rentrée : 6 heures et délai avant récolte : 14 jours). Plus d’information sur Terres Inovia.fr.

 

Le chlorantraniliprole est reconnu pour être une substance très efficace et régulière contre héliothis.

Dose ALTACOR® à appliquer : 0,07 kg/ha

Une application par campagne que l’on positionnera en début de programme une fois entrée dans la période de risque et en présence de capture significative de papillons (via réseau de piégeage). L’efficacité d’ALTACOR® est dépendant de la qualité de l’application, adapter le volume de bouillie à la végétation pour en recouvrir la totalité (viser à minima 300 l/ha de bouillie) et du stade des larves (meilleure efficacité sur stades jeune L1-L2). La gestion d’héliothis en programme pourra être complété dans la suite du cycle si les captures se poursuivent par la spécialité commerciale DIPEL DF

 

Spécialité commerciale

Substance active

Dose homologuée

Nbre maxi d’applicat°

DAR (j)

ZNT

(m)

DVP

(m)

DRE (h)

Dipel DF (1)

Bacillus thuringiensis

kurstaki 540 g/kg

1 kg/ha

8 (3)

3

5

 

NP

Hélicovex (2)

Helicoverpa armigera

nucleopoly-hedrovirus

520 g/l

0,2 L/ha

12 (4)

1

5

 

6

Altacor

Chlorantraniliprole 350 g/kg

0,07 kg/ha

1

14

20

5

6

 

(1) Utilisable en agriculture biologique. Plus efficace sur jeunes stades larvaires 1 et 2
(2) Utilisable en agriculture biologique. Uniquement contre Helicoverpa sp. (Heliothis).
À positionner sur œufs et jeunes larves
(3) Maximum 3 applications par génération
(4) 8 jours entre 2 applications
NP : non pertinent
DAR : Délai avant récolte (jours ou stade)
ZNT : Zone non traitée (m)
DRE : Délai de rentrée (heure)
DVP : Dispositif végétalisé permanent (m)

 

Ces 3 produits bénéficient de la mention abeille ou "emploi possible" durant la floraison et au cours de la période de production d’exsudats en dehors de la présence des abeilles. L'arrêté du 20 novembre 2021 encadre les horaires d’application : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil.

 

Votre contact régional :
Quentin Lambert : q.lambert@terresinovia.fr